Vers une protection des vestiges de l’abbaye de Grandmont au titre des monuments historiques

 

 

 

 

 

 

Les vestiges de l’abbaye de Grandmont seront-ils protégés au titre des monuments historiques ? Le 26 novembre, la commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) rendra son avis. Cette étape essentielle est le fruit d’une longue et belle histoire.
Lancé dans une superbe randonnée autour du village de Grandmont, sur la commune de Saint-Sylvestre, qui irait imaginer qu'il chemine sur quantité de "pierres précieuses" ? Peu de monde. La nature a presque tout recouvert des vestiges de l'abbaye de Grandmont, laissant seulement apparaître une petite partie de son mur d'enceinte.
Découvertes : un squelette et les fondations d'une église médiévale 
Pourtant, le lieu correspond à l'épicentre de l'ordre monastique grandmontain. Né en Limousin au Moyen Age, il rayonna en Europe jusqu'à sa dissolution avant la Révolution (voir ci-contre). En raison de son grand intérêt historique, des fouilles ont été réalisées sur ce site en 2013 et 2014. 
Ces chantiers ont été dirigés par Philippe Racinet de l'Université de Picardie, spécialiste en histoire médiévale et archéologie. Ils ont été financés par la DRAC, direction régionale des affaires culturelles, mais aussi la SASSAG, société des amis de Saint Sylvestre et de l'abbaye de Grandmont. Ses membres sont mobilisés de longue date pour transmettre son histoire. L'engagement de ces hommes et femmes est à l'origine des actuels travaux de recherche et valorisation.
« Dès sa création en 1934, le but de la SASSAG était de faire connaître l'histoire de l'abbaye mais aussi la réalisation de fouilles ! », raconte Jean-François Mougnaud, son président. Il le sait bien, puisque son grand-père, qui vivait à Grandmont, fut le premier président de cette société. Un oncle lui succéda, avant que Jean-François Mougnaud soit à son tour sollicité. Ce Parisien, qui a sa maison de famille à Grandmont, y vient chaque mois d'août pour raconter au public l'histoire de l'abbaye.
Cette affaire de "vieilles pierres" a aussi une dimension très humaine. L'association compte 200 adhérents. Certains vivent sur place, d'autres ailleurs en France, voire à l'étranger. Si le site reste méconnu du grand public, il suscite, une fois découvert, passion et engagement. « Grandmont est la terre de mes racines. Même si je vis entre l'Espagne et le Cap de Bonne Espérance, je tiens à aider l'association car elle oeuvre pour faire connaître ce patrimoine extraordinaire, avec beaucoup d'énergie », affirme Virginie Thierry.
Générosité, volonté 
Hormis dans certains cas, la demande de protection au titre des monuments historiques doit émaner du propriétaire des lieux. Grâce à de généreuses contributions, la SASSAG a pu participer au financement des fouilles mais aussi acquérir sept parcelles. Deux lui ont été offertes par les familles Tournaud et Belzanne. « Faire ces dons nous a paru naturel, car ces vestiges témoignent d'un grand passé », affirment ces familles. D'autres débroussaillent le site avant la venue des archéologues. « Je le fais car ce patrimoine, qui a aussi une dimension spirituelle, m'impressionne », confie Jean-Richard Mausencal.
Il aura donc fallu 79 ans pour que des fouilles commencent à Grandmont. Elles ont mis au jour les fondations et le chevet de l'église médiévale de l'abbaye, ainsi que trois tombes. L'une contenait des ossements. « Grâce à une bague et des restes de sandales, les spécialistes ont identifié le squelette d'un évêque de Cahors mort à Grandmont vers 1330 », explique Jean-François Mougnaud.